Comme tous les matins, elle éteint son réveil d’un coup brutal. Comme tous les matins, elle se lève et se prépare. Tout est chronométré : un petit déjeuner éclair, un passage dans la salle de bain et après une dernière vérification, elle ferme la porte à double tour. Elle sait que le soir même, elle réouvrira cette porte ; et rien n’aura changé. Ce soir. Comme tous les autres soirs.

Et puis, comme tous les matins, elle prend le train. Elle aime regarder les personnes qui finissent leurs nuits ou bien qui sont plongées dans un livre. Certains remplissent les mots fléchés, d’autres écoutent de la musique. Comme tous les matins, le train s’arrête cinq fois. À chaque gare, elle voit arriver une foule de nouvelles têtes : des écoliers, des travailleurs, des touristes même. Certains retrouvent des amis et parlent de tout et de rien. Elle, seule ou accompagnée, elle n’est jamais vraiment là.

Seule, elle se perd souvent dans un monde où tout irait mieux. Elle rêve du prince charmant ? Non, pas vraiment. Elle est loin d’être une princesse. Elle voudrait juste pouvoir se réfugier dans des bras protecteurs. Elle aimerait pouvoir glisser un je t’aime dans le creux d’une oreille. Mais rien. Ce n’est qu’un rêve. Elle aimerait vivre ce rêve.

Accompagnée, elle n’est pas vraiment elle non plus. Elle n’aime pas s’appesantir sur sa personne. Après tout, elle n’a pas de problèmes que de légers soucis. Alors, elle ne parle pas, elle se tait. C’est dans le silence qu’elle se réfugie. Mais le silence veut parfois dire beaucoup de choses.

Il est rare qu’elle soit contre quelqu’un, mais çà lui arrive. Elle a ses propres opinions mais elle reste attentive à celles des autres. Elle se met facilement à la place des autres ou tout au moins, elle tente de comprendre. Elle n’est jamais catégorique, elle est certainement trop hésitante. Elle n’est pas courageuse, elle le sait.