J’étais petite encore quand je me suis aperçue que la vie n’était pas rose du tout.
J’étais plus grande déjà quand j’ai réalisé que j’avais eu beaucoup de chance, que mon ange gardien faisait bien son boulot.

Mon année de Terminale s’est bien passée, en général, pour moi. Elle aurait pu être mieux. Parce que chacun à leur tour, mes amis tombaient au plus bas. Et il fallait les aider à se relever. Il a fallu panser le chagrin d’amour. Il a fallu apaiser le souci. Il a fallu redonner le sourire. Il a fallu sécher les larmes. Il a fallu aller parler même si je ne savais pas quoi dire, même si je ne savais pas quoi faire. Et moi, dans tout çà, je gardais le sourire.
Bien sûr, il y a des moments où mon ciel s’est obscurci. Bien sûr, il y a eu des jours où les larmes ont perlé au coin des yeux. Il y a aussi eu le découragement. Le « j’aurais jamais mon bac avec 8 de moyenne en philo »… Mais rien à faire. Toujours garder le sourire. Toujours penser que voilà. J’ai eu de la chance. A peu de choses près, je serais peut-être pas allée jusque-là.

Parce qu’il y a des choses qu’une petite de cinq ans n’oubliera jamais. Parce qu’il y a des souvenirs qu’une petite fille de cinq ans aimerait avoir. Parce qu’il y a ce fameux jour où en rentrant de l’école avec ma sœur on a trouvé ma maman en pleur. Parce que moi, je ne comprenais pas ce qui s’était passé. Parce que mes grands-parents venaient d’avoir un accident de voiture en ramenant mon arrière-grand-mère. Parce que mes mamies ont arrêté de respirer ce jour-là. Parce que j’aurais dû être dans cette voiture. Les vacances étaient à la fin de la semaine… mais j’ai voulu aller à l’école. J’étais une fan de l’école quand j’étais petite. Parce que j’ai vu ma tante se rouler par terre en apprenant la nouvelle. Parce que je troquerais ce souvenir-là contre un autre bien volontiers.

Et voilà, je crois que si je garde le sourire c’est à cause de ce qu’une petite fille de cinq ans a vu, un soir en rentrant de l’école, il y a longtemps maintenant. Et qu’aujourd’hui, j’aimerais avoir des souvenirs avec elles. Je voudrais partager les souvenirs de ma sœur. Ceux qui me paraissent tellement précieux. Mais la petite fille de cinq ans ne se rappelle plus.

 Je ne sais pas pourquoi je dis çà ici, maintenant. Je sais pas. Peut-être parce que bientôt, ma maman va être grand-mère et que moi, il m’en a toujours manqué une. Ou peut-être parce qu'hier soir, j'ai revu tous mes Littéraires et que çà m'a fait plaisir de les voir en bonne forme et que çà m'a rappelé le reste...