Quand je suis partie, je ne t’ai pas prévenu. Je n’ai prévenu personne à vrai dire. Le taire c’était le rendre insignifiant. Le taire c’était l’effacer. Comme si tout ceci n’était qu’un mauvais rêve ! Mais un beau jour, on se retrouve au pied du mur. C’est le matin. Le jour J. Le grand départ.
C’est toutes ces personnes à qui l’on voudrait répéter encore et encore des « Je vous aime », des « M’oubliez pas », des « Je penserais à vous. Tout le temps. », « Vous allez me manquer ». J’aurais du le faire. Lâcher ma vie du tout au tout. Il y a 3 ans et demi maintenant.
J’étais partie comme une voleuse. Mais çà ne s’est pas fait. Je suis revenue comme une voleuse. Une voleuse absolument soulagée de ne pas avoir à refaire sa vie. A 16 ans, j’avais pas envie de bouger. Mais comment dire à ses parents qui eux n’attendent que çà ? Finalement, je n’ai pas quitté la maison qui m’a vu grandir. Les thuyas qui ont grandis avec moi, qui ont poussés plus vite que moi, qui sont immensément verts, immensément beaux.
J’étais partie la boule au ventre. Je culpabilisais de n’avoir rien dit. J’appréhendais ce qui allait suivre. J’aurais voulu leur crier vite à ce moment là que je partais. Et partir en courant de l’autre côté. Partir vite. Qu’on me déteste un peu. Mais voilà, aujourd’hui, je n’ai plus 16 ans. Et je ne les aurais plus. Aujourd’hui, je suis toujours au même endroit. Sauf qu’aujourd’hui, on me proposerait de partir, je crois que je ne dirais pas non.
Les temps changent, et moi avec. Pourquoi je parle de çà maintenant ? Il faut croire que Noël et déménagement reviennent trop souvent en ce moment par chez moi. J’ai mal pour elles. Elles qui ont 16 ans et qui voient partir une de leur amie à l’autre bout du monde, dans une petite île trop loin d’ici. Ca me fait mal pour elles. Qui ne l’ont appris qu’aujourd’hui. Et moi, je ne peux que la comprendre cette future exilée. Parce que je crois qu’à 16 ans, lorsque les amitiés sont bien définies, trop bien définies lorsque les trais sont faits au crayon noir, c’est dur de les laisser derrière soi.